Patrick est né en 1956 dans le département des Deux Sèvres. Après un Bac E, il passe sept années en voyages : Méditerranée, USA, Angleterre (où il travaille comme technicien dans un laboratoire de physique-chimie) etc. Et puis il s’inscrit à la Fac de musicologie, à Poitiers. Il obtient la Médaille d’or au Conservatoire de Niort, puis devient professeur au Collège pendant deux ans, puis professeur de flûte traversière, puis professeur de guitare pendant de nombreuses années. Un jour, il claque la porte, dégoûté par l’enseignement de la musique en France, qu’il trouve absurde : «On t’apprend à écrire et à lire avant que tu saches parler !» grogne-t-il. |
Pourtant, son passé musical est plutôt heureux. Il s’y est mis tôt : à 8 ans, il tient l’harmonium pendant la messe. Il reçoit sa première guitare à 11 ans, se met à la flûte traversière à 22 ans. Puis, par le biais de la revue «Les carnets du guitariste», il découvre Roland Dyens : «J’avais 27 ans, Roland était tout le temps dans ma tête, alors, un jour, je lui ai téléphoné. Et voilà, à partir de ce jour-là, je me suis rendu à Paris tous les 15 jours, pendant 8 ans, pour prendre mes cours avec lui.» L’intérêt pour la lutherie, il l’a depuis ses 11 ans. Pendant sa carrière de guitariste, beaucoup de bonnes guitares lui passent entre les mains. Et à chaque fois, il inspecte leur construction . Un jour, il se fait construire une guitare par le luthier Jean-Marie Fouilleul. C’est une rencontre déterminante : «Quand j’ai décidé de tout arrêter» expliquet-il, je lui ai demandé son soutien, et il me l’a accordé. Il a répondu à mes questions, il m’a donné des impulsions, mais il ne m’a pas devancé, il m’a laissé chercher. Le reste de ma formation, je l’ai faite sur le terrain, en travaillant, en restaurant, en réparant… c’est là que tu vois ce qu’il ne faut pas faire et ce que tu veux faire…» |
Antoine Lacroix l’aidera aussi beaucoup. Tout comme ses connaissances en chimie, acquises dans le laboratoire en Angleterre, qui s’avèrent bien utiles pour les vernis, ou sa formation technique, qui l’inspire pour ses structures. Il passe un CAP d’ébéniste, afin de pouvoir s’installer. Et maintenant ?
«J’ai des commandes, je commence à rayonner, à sortir de mon atelier !» Sa quête ? «Je ne cherche pas à construire des guitares qui me font plaisir, mais des guitares qui satisfont les oreilles du guitariste», explique-t-il.
«Je travaille à sentir quelle est l’attente du musicien, pour ne pas lui imposer la mienne. Il y a un dicton anglais qui dit : la beauté est dans l’œil de celui qui la regarde : j’aime transposer cette métaphore pour le son.»
Guitare live n°37, mars 2008